Références
- « Mémoires avec Adolfo Kaminsky : Je ne pouvais pas supporter les injustices », France inter, 30 janvier 2020.
- « Adolfo Kaminsky, résistant et photographe, est mort », Le Monde, 09 janvier 2023.
- « Adolfo Kaminsky, la mort après une vie héroïque de faux et de photos », Libération, 09 janvier 2023.
Pour aller plus loin
« Adolfo Kaminsky, un faussaire pour la liberté », France Inter
« Adolfo Kaminsky : le faussaire héroïque et sa fille », France culture
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Expert en faux papiers, résistant et militant pour la liberté, Adolfo Kaminsky a sauvé des milliers de juifs des camps de la mort grâce à ses talents de faussaire. Plus tard, il mettra ses compétences au service des mouvements de décolonisation et la lutte contre les dictatures à travers le monde.
L’exil et la résistance
Né en 1925 à Buenos Aires, ses parents sont juifs russes réfugiés en Argentine pour fuir les pogroms tsaristes. Après plusieurs tentatives pour s’établir en France et une longue errance dans un dénuement total, sa famille réussi à s’installer à Paris. Adolfo Kaminsky a alors sept ans . Bien que très jeunes, cette expérience de l’exil le marquera, il comprend alors que sans papiers, les personnes sont soumises au règne de l’arbitraire.
Dés l’âge de 12 ans, , il commence à travailler dans l’imprimerie, puis la teinturerie, pour aider sa famille. Il se découvre alors une passion pour les colorants. Mais ce bonheur est de courte duré, en 1943, alors que l’Allemagne nazie occupe la France, la famille est arrêtée et déportée au camp de Drancy. Grâce à l’intervention de l’ambassade d’Argentine, ils sont libérés au bout de quelques mois.
Dés sa sortie de Drancy, Adolfo Kaminsky prend contact avec un groupe de résistants. Tout de suite intéressés par son talent pour les colorants, il le recrute. Sous le pseudonyme de Julien Keller, il travaille dans un laboratoire clandestin qui fabrique des faux papiers d’identité. Son action a permis de sauver plusieurs centaines de juifs et notamment des enfants de la déportation vers les camps de la mort.
Lutte pour les indépendances
Après la Libération, il est engagé par les services secret français, intéressés par ses talent de faussaire. Il démissionne rapidement lorsque qu’éclate la guerre d’Indochine, refusant de prendre part à une guerre coloniale. Dès 1954, il s’engage au côté du Front de libération nationale qui lutte pour l’indépendance de l’Algérie.
Je ne pouvais pas supporter les injustices. Il fallait réduire les morts au minimum, faire en sorte que ce qu’il n’y ait pas de morts, c’était une lutte contre la police et la dictature raciste. Même après la guerre d’Algérie j’ai eu du mal à trouver ma vraie place puisque les oppressions prenaient plein d’autres formes1.
Adolfo Kaminsky
l fournit également des faux papier au Congrès national africain de Nelson Mandela, en lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Puis il vient met ses talents au service de ceux qui combattent les dictatures à travers le monde : en Amérique du Sud, en Haïti, dans l’Espagne de Franco et la Grèce des colonels. Durant la guerre du Vietnam, il fournit même des faux papiers aux déserteurs américains.
Il a toujours refusé de se faire payer pour son travail de faussaire et vivait de son métier de photographe. Son œuvre est centré autour du Paris populaire des années 1950. Elle conserve les traces d’un mode de vie qui a aujourd’hui disparu.
Adolfo Kaminsky a vécu une vie de semi-clandestinité au service de la lutte pour la liberté et les droits humains. Engagé contre toutes les dictatures, il a sauvé des milliers de vie grâce à ses talents de faussaire.