SOCIÉTÉ

Lutter contre le harcèlement scolaire

27.09.2023

Le mercredi 27 septembre, le gouvernement a annoncé son nouveau plan pour lutter contre le harcèlement scolaire. Le suicide d’un adolescent de 15 ans le 5 septembre a relancé le débat sur un phénomène massif que l’institution scolaire peine à endiguer. La Première ministre a annoncé vouloir faire de la lutte contre le harcèlement l’une des priorités du gouvernement.

Contre ce fléau, l’action des élèves, des parents et des associations est également nécessaire pour prévenir, repérer et éviter des drames. Avec son programme Sens critique centré sur la création de courts-métrages, l’association Civic Fab s’engage activement contre ce fléau.

La Famille réalisé en atelier Sens critique au collège Les renardières à Courbevoie

Le harcèlement se définit comme une violence répétée de nature physique, verbale ou psychologique. Le plus souvent, il se fonde sur un rejet de la différence : apparence physique, genre, handicap, appartenance ethnique, culturelle ou confessionnelle. Il se manifeste par des actes de violence répétées qui peuvent prendre plusieurs formes et se cumuler : moqueries, insultes, rejet social ou intimidation physique. Il est souvent associé à un phénomène de groupe, plusieurs élève y participent activement ou silencieusement. Cet effet de groupe aboutit à l’isolement de la victime qui ne peut se défendre.

Alors que la lutte contre le harcèlement scolaire était déjà la priorité du gouvernement en 2010, les chiffres n’ont pas connu de baisse significative et restent alarmants. Chaque années entre 800 000 et 1 million d’élèves sont victimes soit entre deux et trois enfants par classe.

Le cyberharcèlement

Cette dernière décennie, le harcèlement scolaire a pris un nouveau visage avec l’essor des réseaux sociaux . Le cyberharcèlement s’inscrit dans le prolongement du harcèlement scolaire. Les violences et les moqueries suivent maintenant les élèves victimes jusque dans leur domicile et s’immiscent dans tous les instants de leur quotidien. Le cyberharcèlement est un phénomène massif, un collégien sur 5 déclare en avoir été victime au moins une fois.

Populaire réalisé en atelier Sens critique au Centre social La Corderie à Marseille

Des conséquences graves

Le harcèlement a des effets concrets sur les victimes : perte d’estime de soi, difficulté à rentrer en contact avec les autres, décrochage scolaire et peur de l’école, conduites autodestructrices, voire suicidaires. Ces conséquences peuvent perdurer bien après l’arrêt du harcèlement. En effet les psychologues expliquent que le harcèlement s’attaque à l’image que la victime a d’elle-même. Il la détruit en la réduisant à une image négative diffusée par les harceleurs. Il sera ensuite très compliqué pour les victimes de se reconstruire.

Contrairement a une idée reçue, le harcèlement peut toucher tous les élèves. Ces conséquences y compris les plus dramatiques ne touchent pas uniquement des personnes fragiles psychologiquement. Le harcèlement est un poison en soi, ils est à l’origine de la fragilité et non l’inverse.

La difficulté à endiguer le harcèlement est lié à sa nature collective. C’est un phénomène de groupe auquel participe à la fois les harceleurs et les témoins passifs. Beaucoup de témoins ne viennent pas en aide à la victime par peur de devenir eux-mêmes les cibles du harcèlement. Il est donc nécessaire de changer la culture du groupe en prenant conscience des effets du harcèlement. Il est souvent très dure pour les victimes de témoigner à cause de la honte. Les témoins ont donc un rôle essentiel, ils peuvent alerter quand la victime ne le peut pas.

Les outils pour lutter contre le harcèlement

Depuis la rentrée 2022, le programme « pHARe », plan de prévention du harcèlement et du cyberharcèlement, a été mis en place dans les écoles élémentaires et les collèges. Ayant prouvé son efficacité, il a été étendu aux lycées à la rentrée 2023.  Ce programme se fonde sur 3 piliers : la mise en place d’équipes éducatives « ressource » formées à la prise en charge des situations de harcèlement, la mise en place de 10h de cours annuelles pour développer les compétences psychosociales des jeunes et la formation d’élèves ambassadeurs capables de repérer les situations de harcèlement et de prévenir les équipes éducatives.

Ce programme s’inspire notamment des expériences scandinaves qui ont permis depuis 10 ans de faire baisser significativement le harcèlement scolaire en axant leurs politiques sur la prévention plutôt que la répression. Ces pays ont également fait évoluer la manière de conceptualiser le harcèlement en s’intéressant aux effets de groupe plutôt qu’aux harceleurs. Le but de ces programmes est ainsi de créer des environnements scolaires dans lesquels le harcèlement n’est pas la bonne stratégie pour trouver sa place dans le groupe et favoriser l’entraide et la coopération entre élèves. Ils proposent également au travers de la formation aux compétences psychosociales de réindividualiser les élèves pour défaire les effets de groupe et permettre à chaque élève de trouver sa place.

L’extension du harcèlement aux espaces numériques demandent également une coopération entre l’institution scolaire et les plateformes qui doivent mieux modérer les contenus mais aussi lutter contre les spirales de désespoir causées par la recommandation de contenus nourrissant des états dépressifs. Si la formation d’élèves ambassadeurs et les actions de prévention auprès des élèves peuvent permettre d’alerter et de prendre en charge les situation de cyberharcèlement, il faut également responsabiliser les acteurs du numérique.

Les mesures du plan

Avec son nouveau plan, le gouvernement souhaite former tous les adultes impliqués : professeurs, parents, juges, coach sportifs et policiers. Il va également mettre en place une grille d’évaluation envoyée aux élèves pour mesurer le bien-être à l’école. Ce sera le moyen pour tous les élèves de signaler leur mal-être en tout discrétion.

Le plan prévoit également des sanctions plus strictes pour les harceleurs avec la confiscation du téléphone portable et éventuellement un bannissement temporaire des réseaux sociaux. Depuis la rentrée 2023, ce n’est plus à la victime de changer d’établissement mais au harceleur.

Le 3018 devient également la plateforme et le numéro de téléphone unique pour le signalement des cas de harcèlement. Des experts sont à la disposition des victimes, des parents et des témoins pour leur venir en aide.

S'inscrire à la Newsletter