Références
- « Quand Joséphine Baker prononçait un discours aux côtés de Martin Luther King », Le Point, 27 novembre 2021.
- « Freda Joséphine McDonald », Fondation pour la mémoire de l’esclavage.
Pour aller plus loin
« Joséphine Baker, l’insoumise », Série France culture
« Joséphine Baker – Première icône noire », Arte
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Femme aux multiples talents, résistante et militante anti-raciste, Joséphine Baker a fait son entrée au Panthéon en novembre 2021. Retrouvez ici quelques éléments biographiques de cette icône américaine du jazz, devenue figure emblématique des valeurs françaises.
Joséphine Baker, de son vrai nom Freda Josephine McDonald est née le 3 juin 1906 à Saint-Louis dans le Missouri aux États-Unis. D’abord connue comme chanteuse de jazz et danseuse exotique, elle est surtout une icône de la lutte pour les droits civiques des afro-américains et de la fraternité française.
De son ascension fulgurante dans les années 1920 à son activisme politique, Joséphine Baker a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire.
Naissance d’une légende
Née dans une famille afro-américaine très pauvre, Joséphine Baker quitte très jeune sa famille pour tenter sa chance à Broadway. Sa carrière décolle véritablement lorsqu’elle arrive à Paris dans les années 1920. Elle devient rapidement une sensation du cabaret grâce à ses performances exotiques et sa danse unique. Sa présence charismatique, son style exubérant et sa sensualité ont conquis le cœur du public. Elle devient l’une des premières femmes noires à obtenir une reconnaissance internationale dans le monde du spectacle.
En France, elle trouve un climat plus tolérant qu’aux États-Unis, marqués à l’époque par la ségrégation raciale. En dépit des inégalités de droits dans l’empire colonial, en France métropolitaine tout le monde jouit théoriquement des mêmes droits. Consciente de cette réalité, Joséphine Baker utilise ses spectacles pour subtilement critiquer le colonialisme et le racisme de l’époque.
L’activisme et la résistance
Joséphine Baker n’était pas seulement une artiste talentueuse, elle était également une fervente militante des droits civiques et de l’égalité raciale. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle s’est engagée dans la résistance française, utilisant sa notoriété pour transmettre des messages secrets aux alliés.
A la libération, elle retourne aux États-Unis et s’engage aux côtés de Martin Luther King dans le mouvement des droits civiques. Elle participe à de nombreuses manifestations pour l’égalité des droits. En protestation contre la ségrégation, elle refuse de se produire dans des salles réservées aux blancs. Lors de la célèbre marche de 1963 conclue par le discours I have a dream, elle défile dans son uniforme de la Résistance au côté de Luther King. Elle sera la seule femme à s’exprimer à la tribune ce jour-là. Dans son discours, elle raconte les brimades, à la source de ses combats, et encourage la jeune génération à réclamer ses droits :
Vous devez recevoir une éducation. Vous devez aller à l’école et apprendre à vous défendre. Et vous devez apprendre à vous défendre avec un stylo et non avec une arme. Alors vous pourrez leur répondre et je peux vous dire, mes amis – et ce n’est pas juste une banalité – qu’un stylo est plus puissant qu’une épée.1
Joséphine Baker, discours à Washington, 1963
Son engagement se prolonge jusque dans sa vie privée. Ne pouvant pas avoir d’enfant, elle en adopte douze de différentes origines ethniques et religieuses. Elle les surnomme d’ailleurs sa « tribu arc-en-ciel ».
La mémoire de Joséphine Baker
Son impact sur la scène artistique, son courage politique et sa lutte pour l’égalité en font une icône. Elle a ouvert la voie à de nombreuses autres artistes noires et a laissé un héritage d’activisme qui résonne encore aujourd’hui. Son histoire nous rappelle le rôle de l’art comme moteur du changement social.
Le 30 novembre 2021, la France a rendu hommage à celle qui l’avait choisie comme pays d’adoption. Joséphine Baker a fait son entrée au Panthéon, temple des valeurs de la République.