Références
- L’Emir Abdelkader, Henri Teissier, Institut du monde arabe, 2020.
- « Abdelkader, de »meilleur ennemi de la France« à sauveur des chrétiens d’Orient », France culture, 15 février 2022.
- « Abd el-Kader et la France », France inter, 3 mai 2017.
- « L’émir Abdelkader, philosophe de l’empathie », Le Monde, 8 mars 2016.
Pour aller plus loin
Podcast France culture « L’émir Abdelkader »
Article Le Monde « Exposition : Abdelkader, une figure de l’humanisme de l’Algérie coloniale au MuCEM »
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Savant musulman, chef religieux et militaire algérien, Abdelkader est une figure respectée de l’histoire de l’Algérie. Il a pris la tête de la résistance contre la colonisation de l’Algérie et est intervenu en 1860 pour empêcher le massacre de chrétiens à Damas.
L’émir Abdelkader, également connu sous le nom d’Abdelkader El Djezairi, est une figure emblématique de l’histoire de l’Algérie. Né le 6 septembre 1808 à Mascara, en Algérie, il est considéré comme un héros national. Leader de la résistance contre la colonisation française, il est aussi reconnu pour sa vision politique, son humanisme et sa défense des droits humains.
Résistant contre la colonisation de l’Algérie
Maître soufi et savant musulman, lorsque la France attaque l’Algérie, Abdelkader est choisi par les chefs de tribu pour mener la résistance. Il uni alors les tribus et a mène une résistance farouche contre les forces françaises pendant plus de quinze ans, de 1832 à 1847.
Entre 1837 et 1839, il tire profit d’une trêve avec la France pour jeter les bases d’un État algérien. Situé dans le nord de l’actuelle Algérie, l’État d’Abdelkader possède une organisation moderne centrée sur la justice, l’éducation, la culture et la défense.
Sa bravoure, son leadership et son sens tactique lui valent encore aujourd’hui une grande admiration en Algérie mais aussi en France. Ses combats ont posé les bases de la lutte pour l’indépendance future.
L’emprisonnement et l’exil
Après 15 ans de lutte acharnée, Abdelkader doit capituler en 1847. Après sa reddition, il est emprisonné en France pendant près de 5 ans. Il passe notamment quatre ans assigné à résidence au Château d’Ambroise où repose encore aujourd’hui une partie de sa famille.
En captivité, il reste un symbole de résistance et gagne l’estime de nombreux intellectuels et hommes politiques français. De Victor Hugo à Arthur Rimbaud, son mysticisme et son humanisme fascinent les écrivains français. Le jeune Rimbaud, lors d’un concours de latin au lycée lui consacre un poème élogieux. Il le dépeint comme la figure emblématique et éternelle de la résistance à l’envahisseur.
En 1852, Napoléon III lui rend sa liberté sous la condition qu’il ne cause plus de trouble. Abdelkader doit donc s’exiler et rejoint la Syrie. En 1860, alors que les Druzes attaquent les quartiers chrétiens de Damas, Abdelkader abrite chez lui un grand nombre de chrétiens. Il envoi même ses fils arpenter la ville pour offrir la protection aux chrétiens en danger. Ce sauvetage lui vaut une reconnaissance internationale, dont la grand-croix de la Légion d’honneur en France.
Nous étions consternés, nous étions tous convaincus que notre dernière heure était arrivée […]. Dans cette attente de la mort, dans ces moments d’angoisse indescriptibles, le ciel nous a envoyé un sauveur! Abd el-Kader est apparu, entouré de ses Algériens, une quarantaine d’entre eux.
Le Siècle, 2 août 1869
Un intellectuel et philosophe humaniste
L’émir Abdelkader était connu pour sa piété et son érudition religieuse. Fervent musulman, il prônait la tolérance religieuse et a défendu les droits des minorités religieuses en Algérie. En tant que chef d’État, il a promulgué des décrets pour protéger les chrétiens et les juifs en interdisant toute violence à leur égard. Il a également encouragé l’éducation, l’économie et le développement social au sein de son État.
Souvent réduit à son rôle de résistant, Abdelkader est aussi un humaniste et un homme d’une grande érudition. Il a étudié les sciences, la philosophie et la théologie, et jetait les ponts d’un dialogue avec les intellectuels occidentaux. Poète et philosophe, il a écrit de nombreux ouvrages, lettre et traité. Il consacra la fin de sa vie à la réflexion spirituelle et à l’enseignement. Humaniste, il considère que la raison et la foi sont intimement liées :
Gardez-vous de croire que la connaissance de la Loi divine est en opposition avec les connaissances acquises par l’esprit seul. Bien au contraire, rien de ce qui a été transmis par les Prophètes, parmi les choses dictées
Abdelkader, Lettre aux français
pour le bien des hommes, ne saurait être en désaccord avec le jugement des esprits bien constitués.1
Abdelkader dans les mémoires
L’émir Abdelkader demeure une figure respectée et vénérée dans l’histoire de l’Algérie. Il est considéré comme le symbole de la résistance à l’oppression coloniale et le père de la nation algérienne. En France, il est décrit comme le « meilleur ennemi », un homme admiré pour son courage mais surtout pour son humanité et sa dignité.
Son engagement en faveur de la tolérance religieuse et des droits humains ont marqué l’Histoire et continue d’inspirer la lutte pour la liberté et la dignité.