SPIRITUALITÉ

Les sources de l’islam : la lecture du Coran

26.09.2023

Références

  1. Sabrina Mervin, Histoire de l’islam, Flammarion, 2016.
  2. « Le Coran 1/2 : Composition, agencement, contenu », Campus lumières d’islam, 29 novembre 2020.
  3. « Le Coran », Campus lumières d’islam, 29 novembre 2020.

Partager

La série Les sources de l’islam donne des clés pour comprendre comment est traditionnellement étudié le Coran en islam. Comme tout texte religieux ancien, le Coran se lit avec précaution en prenant en compte la géographie, la société et l’époque de la révélation.

Un texte ancien

Selon la tradition musulmane, le Coran aurait été révélé au prophète Muhammad entre 610 et 632. La recherche historique confirme que la mise par écrit date du VIIe siècle. Quatorze siècles séparent donc les croyants contemporains de l’époque de la révélation. Cette distance temporelle est visible dans la langue, le Coran est écrit dans un arabe ancien qui n’est pas forcément d’emblée compréhensible y compris pour les arabophones. Elle l’est également dans les changements sociaux et géographiques intervenus entre l’époque de la révélation et notre temps. Le prophète Muhammad vivait dans la société tribale de l’Arabie du VIIe siècle. L’organisation sociale et la culture de cette société sont en partie le fruit d’une géographie particulière et hostile, le désert.

Un verset coranique résume les différents éléments à prendre en compte pour lire le Coran. Le verset 7 de la sourate 42 se traduit ainsi « Et c’est ainsi que Nous t’avons révélé un Coran en arabe, afin que tu avertisses la Mère des cités (la Mecque) et ses alentours et que tu avertisses du jour du rassemblement ». Selon ce verset, il faut donc prendre en compte : la géographie (le lieu de la révélation), la société (les personnes à qui est adressée la révélation) et la langue de la révélation. Ces trois éléments sont des marqueurs temporels forts et ont connus des évolutions significatives depuis l’époque du Prophète.

Interpréter le Coran

Des changements sociaux et géographiques majeurs sont intervenus très tôt dans l’histoire de l’islam. Dès les années 630, les arabes conquièrent de larges territoires dans la péninsule arabique, en Asie mineure et au Maghreb. Les califes omeyyades administrent donc un territoire très différent d’un point de vue culturel, géographique et linguistique de celui dans lequel est né l’islam. Les références culturelles nécessaires à la compréhension du Coran ne sont donc plus celles de la société qui pratique l’islam.

Très tôt, les savants musulmans vont donc développer des outils d’interprétation du Coran. Ils mettent en place l’exégèse coranique (tafsir en arabe), les commentaires du Coran pour permettre son interprétation. Il s’agit notamment d’étudier la composition du texte, c’est-à-dire retrouver l’ordre chronologique de la révélation. Les savants musulmans ont également produit une large littérature sur les circonstances de la révélation pour contextualiser les versets. Les sciences coraniques permettent ainsi de mieux comprendre ce texte d’une grande complexité et d’un tirer les grands enseignements. Il s’agit également d’éviter une interprétation littéraliste qui en se concentrant sur la lettre perdrait l’esprit du texte, ses enseignements universels et éthiques.

L’exégèse coranique n’est pas figée, l’interprétation du texte connaît des évolutions en fonction des contextes culturels et temporels. Des savants contemporains continuent de travailler sur le Coran en intégrant notamment les études linguistiques, sociologiques et historiques. Dans leur travail, ils mettent notamment l’accent sur la réflexion personnelle des croyants face aux textes religieux. Ils insistent également sur les enseignements éthiques du Coran qui sont universels plutôt que sur les prescriptions qui s’inscrivent dans le contexte particulier de la société arabe tribale.

S'inscrire à la Newsletter