Déclaration de François Mitterrand, 12 novembre 1954

25.07.2023

Déclaration de François Mitterrand, ministre de l’intérieur à l’Assemblée nationale, 12 novembre 1954

Le 1er novembre 1954 le Front de libération nationale (FLN) lance l’insurrection. Les autorités françaises savaient que la révolte montait en Algérie mais ne connaissent pas encore l’existence du FLN. Surpris par la coordination des attaques, le gouvernement n’attend pas pour autant céder. Le 12 novembre, François Mitterrand, alors ministre de l’intérieur, s’exprime devant les députés. Il exprime avec force la volonté du gouvernement de mater la rébellion. Dès novembre 1954, la répression s’abat sur les militants nationalistes. Ceux qui en réchappent vont venir grossier les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN), organe militaire du FLN. Parallèlement, le gouvernement propose un plan de réforme en faveur des Algériens ce qui occasionne sa chute au profit d’une ligne répressive plus dure.

Je prétends qu’actuellement certains doivent cruellement méditer sur le déclenchement hâtif de l’émeute, qui les a précipités dans une aventure qui les conduira à leur perte. Voilà donc qu’un peu partout, d’un seul coup, se répand le bruit que l’Algérie est à feu et à sang.

De même que le Maroc et la Tunisie ont connu ce phénomène de terrorisme individuel dans les villes et dans les campagnes, faut-il que l’Algérie ferme la boucle de cette ceinture du monde en révolte depuis quinze ans contre les nations qui prétendaient les tenir en tutelle ?

Eh bien ! Non, cela ne sera pas, parce qu’il se trouve que l’Algérie, c’est la France, parce qu’il se trouve que les départements de l’Algérie sont des départements de la République française. Des Flandres jusqu’au Congo, s’il y a quelques différences dans l’application de nos lois, partout la loi s’impose et cette loi est la loi française ; c’est celle que vous votez parce qu’il n’y a qu’un seul Parlement et qu’une seule nation dans les territoires d’outre-mer comme dans les départements d’Algérie comme dans la métropole. […]

Tous ceux qui essayeront, d’une manière ou d’une autre, de créer le désordre et qui tendront à la sécession seront frappés par tous les moyens mis à notre disposition par la loi. Nous frapperons également tous ceux qui y contribueront, même indirectement. Il n’est pas supportable que, par voie de presse, d’écrits, de discours ou sous quelque forme que ce soit, à plus forte raison par les armes, un citoyen s’oppose à la nation, au risque de la déchirer. En tout cas, s’il le fait, le gouvernement n’a qu’un devoir, et vous pouvez compter sur le ministre chargé de cette mission, au nom de ce gouvernement, pour décider des mesures qui s’imposeront. […] L’Algérie, c’est la France. Et qui d’entre vous, Mesdames, Messieurs, hésiterait à employer tous les moyens pour préserver la France ?

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