Références
- « Déclaration de Marrakech sur les droits des minorités religieuses dans le monde islamique » , Saphir news, 28 Janvier 2016.
- « Le Document sur la fraternité humaine d’Abou Dhabi du 4 février 2019 et la Charte de La Mecque du 29 mai 2019 », Emmanuel Pisani, Midéo, 2020.
- « Histoire de Médine (des débuts de l’Islam au XVIIIe siècle) », Les clés du Moyen-Orient, 8 janvier 2013.
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En 622 à Médine, les musulmans fuyant La Mecque, les tribus juives et les tribus arabes polythéistes de la ville signent le pacte de Médine. Symbole de paix et de fraternité, il permet la coexistence dans l’harmonie des différentes croyances.
Médine à l’arrivée du prophète Muhammad
En 622, le prophète Muhammad et ses premiers compagnons fuient La Mecque pour Yâthrib qui deviendra plus tard Médine. Cette oasis n’est alors pas encore une ville mais un ensemble de petits villages agricoles. En effet, la présence de l’eau en fait une terre fertile, rare dans la région. De ce fait plusieurs tribus ci-sont établies, des tribus arabes polythéistes mais aussi des tribus juives.
Lorsque Muhammad arrive à Yâthrib, il est très bien accueilli. Les tribus arabes étant en conflit permanent, elles voient en lui un arbitre capable de les unir. Une partie des tribus arabes de la ville reconnaissent par ailleurs en Muhammad un prophète et se convertissent à l’islam. Ils forment alors avec les exilés mecquois la première communauté musulmane. Les tribus juives accueillent également bien l’arrivée des musulmans mecquois. Reconnus comme des Gens du Livre, Muhammad leur montre un grand respect et ne leur demande pas de se convertir à l’islam.
Peu après l’arrivée des exilés mecquois, les différentes tribus de la ville signent avec Muhammad un pacte connu sous le nom de Pacte ou Charte de Médine. La signature de ce pacte marque la véritable fondation de la ville qui devient une communauté politique dotée de textes organisant l’alliance entre les tribus. La ville commence alors à se développer économiquement et à se doter d’institutions.
Faire coexister des tribus de différentes religions
Le pacte de Médine est en premier lieu un accord de défense mutuelle qui doit assurer la sécurité de tous. Il reconnaît les droits et les devoirs de chaque communautés religieuses pour assurer une coexistence harmonieuse.
Plus important encore, il fonde une oumma intégrant l’ensemble des habitants de la ville : musulmans, juifs et polythéistes. Les croyants, juifs comme musulmans, doivent s’entraider et se conseiller entre eux. En cas de crime, toute la communauté doit demander réparation quelque que soit la religion de la victime. Parfois considérée comme la première constitution de l’Histoire, le Pacte fixe des règles communes et assurent l’égalité de tous les habitants quelque soit leur religion.
La postérité du pacte de Médine
Les documents originaux du Pacte de Médine ne sont pas parvenus jusqu’à nous mais son contenu a été rapporté par différents auteurs postérieurs. On en trouve notamment une version dans la Sîra du Prophète écrite par Ibn Ishaq au VIIIe siècle. Pendant longtemps le pacte de Médine n’était pas une source très citée dans le droit musulman. Mais ces dernières années, elle a inspiré de nombreux texte en faveur des droits humains et de la protection des minorités religieuses dans les pays musulmans.
Fondement du droit des minorités dans l’islam
En 2016, la Déclaration de Marrakech sur les droits des minorités religieuses dans le monde islamique signée pas plus 300 responsables religieux, intellectuels et dignitaires de différentes confessions cite le pacte de Médine comme inspiration :
La Déclaration pose que la tolérance religieuse instaurée par le pacte de Médine est « l’expression tangible des finalités suprêmes de la Loi sacrée »1. Les signataires considèrent que son contenu n’entre pas en contraction avec le texte coranique mais au contraire s’inscrit dans la finalité éthique de l’islam.
En 2019, la Ligue islamique mondiale a réuni 1 200 savants musulmans qui ont adopté la Charte de La Mecque. Dans un contexte marqué par le terrorisme, cette charte avait pour but d’attester que l’islam est une religion de tolérance. Le nom « Charte de La Mecque » est une référence directe à la Charte de Médine du temps du Prophète. Elle se veut comme celle de Médine en son temps un outil concret pour assurer l’harmonie entre les religions.
La Charte de Médine est reconnue par les historiens comme par les savants musulmans comme une preuve historique de la coexistence pacifique entre des tribus de religions différentes à Médine. Face à la montée de l’extrémisme et de l’intolérance, c’est un outil précieux pour défendre les droits humains dans le monde contemporain.