Ibn Khaldoun, précurseur des sciences sociales

Économiste, géographe et précurseur de la sociologie, Ibn Khaldoun est l’un des plus grands historiens de tous les temps. La muqaddima, introduction théorique de son Livre des exemples a été traduite dans toutes les langues.

L’homme d’Etat

Ibn Khaldoun est né le 27 mai 1332 à Tunis dans une puissante famille d’origine andalouse. Il suit des études à la prestigieuse université Zitouna où il se forme en arabe classique, droit islamique mais aussi en mathématique et en philosophie. Il étudie la philosophie grecque (Platon, Aristote…) et arabe (Averroès, Avicenne, Al-Farabi ou Rhazès). Ibn Khaldoun reçoit aussi une formation aux affaires administratives, la position de sa famille le vouant à des tâches au sein du gouvernement.

Il occupe ensuite des fonctions de conseiller ou ministre des souverains berbères musulmans du Maghreb.

L’intellectuel

A l’age de 45 ans, Ibn Khaldoun se retire de la vie politique pour se consacrer à l’écriture. Il s’installe au Caire en Égypte mais continue de parcourir l’Europe et le Moyen-Orient. Marqué par l’épidémie de peste noire qui ravage le Maghreb et l’Europe lors de son adolescence et par la conquête du Moyen-Orient par les Mongols, il s’intéresse à l’histoire des Empires. Comment ils naissent ? Quels sont les meilleurs mode de gouvernance ? Pourquoi ils déclinent ?

Mais son principal apport concerne la méthode historique présenté dans la muqaddima, introduction théorique de son Livre des exemples. Il ne se contente pas de relater les faits, ils cherchent à déterminer les causes sociales, économiques ou politiques des évolutions historiques. Son approche de l’histoire est globale, il cherche à replacer les faits dans leur contexte car les faits seuls peuvent être trompeurs et manipulés.

En s’appuyant uniquement sur la réalité, il propose une approche rationaliste de l’histoire, analysant les sociétés et le pouvoir tels qu’ils sont et non pas tels qu’ils devraient être en fonction de normes religieuses. Sa méthode scientifique fondée sur l’analyse de l’ensemble de la société et pas seulement des puissants, en fait l’un des précurseurs des sciences sociales.