Références
- «  »bsp;Pendant les premiers siècles de l’islam, il existait plusieurs versions du Coran «Â  », Le Monde, 22 janvier 2023.
- « Quand la version officielle du Coran, dit  »Coran d’Othman« , est-elle établie ? », Campus Lumières d’Islam, 29 novembre 2020.
- « Y a-t-il eu différentes versions du Coran dans l’histoire ? », Campus Lumières d’Islam, 29 novembre 2020.
- « Histoire du Coran, une synthèse précieuse des connaissances scientifiques sur le livre sacré des musulmans », Saphirnews, 22 décembre 2022.
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La série Les sources de l’islam donne des clés pour comprendre comment est traditionnellement étudié le Coran en islam. On commence avec un épisode qui revient sur l’origine du livre sacré des musulmans.
L’origine du Coran
Selon la tradition musulmane, le Coran aurait été révélé en Arabie au prophète Muhammad entre 610 et 632. L’ange Gabriel (Jibril en arabe) lui serait apparu à plusieurs reprises au cours de cette période. Au fur et à mesure de la révélation, Muhammad aurait récité les versets à ses compagnons. A la mort du Prophète, il existe de multiples fragments de la révélation mais pas encore de livre unique et organisé. Ce serait Othman, troisième calife, qui aurait fait compiler et diffuser une vulgate officielle et unique.
La recherche historique sur le Coran s’est beaucoup développée depuis les années 1970 et s’intéresse notamment à ses origines. Lorsque les historiens se penchent sur ce texte, ils l’abordent d’un point de vue non-confessant et cherche à le replacer dans son contexte social et politique d’émergence. L’islamologue Mohammad Ali Amir-Moezzi, grand spécialiste de l’histoire du Coran, note que cet ouvrage est d’une grande complexité pour l’historien. Le Coran est une compilation de texte de natures très différentes (prières, histoire des prophètes, préceptes moraux) et il est très complexe de dater les différentes parties du texte.
Selon les historiens, la mise par écrit du Coran serait légèrement plus tardive que celle avancée par la tradition musulmane. La vulgate ne daterait pas de l’époque d’Othman mais du règne de Abd Al-Malik, calife de 685 à 705. A ce moment-là , le califat omeyyade s’étend de la Libye à la Chine et les conditions sont bien différentes de celles du temps de Muhammad ou de Othman qui vivaient dans un contexte tribal. Abd Al-Malik cherche alors à unifier son empire en le dotant d’une religion officielle mais également d’une langue commune, l’arabe.
Au moment de la mise par écrit d’une version officielle, le calife ordonne la destruction de tous les manuscrits divergents qui circulaient dans l’empire. Pourtant, selon la tradition musulmane elle-même, des versions divergentes du Coran ont circulé dans l’empire jusqu’au IVe siècle de l’Hégire (date de début du calendrier islamique), c’est-à -dire jusqu’au Xe siècle de l’ère chrétienne. Les sources musulmanes gardent les traces des débats entre les savants concernant les différentes versions du Coran.
Pour Mohammad Ali Amir-Moezzi, les croyants ne doivent pas se sentir menacés par la recherche historique sur le Coran.
Bien sûr, l’analyse historique met en question certaines croyances mais pas la foi, qui reste un mystère. D’ailleurs, certains penseurs de l’islam classique, comme Al-Ghazali (1058-1111) ou Ibn Arabi (1165-1240), distinguant les deux choses, considéraient que certaines croyances sont nocives pour la foi et que s’en débarrasser consoliderait cette dernière1.
Mohammad Ali Amir-Moezzi, Le Monde
L’islam et la tradition abrahamique
L’islam s’inscrit dans la continuité des religions monothéistes, le judaïsme et le christianisme. Il se fonde comme les deux autres monothéismes sur l’unicité de Dieu, le prophétisme (idée que Dieu révèle sa Parole par intermédiaire de prophètes) et le Jugement dernier. Les Trois monothéismes partage également de grandes figures à commencer par le patriarche Abraham. L’influence biblique est d’ailleurs visible dans le texte même du Coran. Le mot même de Coran vient du syriaque, langue utilisée par les chrétiens d’Orient, qiriyâna, qui désigne un « livre de prières ».
Cette influence biblique s’explique notamment par le fait que le judaïsme et le christianisme étaient présents dans la péninsule arabique du temps de Muhammad. Les arabes étaient des commerçants qui voyageaient beaucoup. Les croyances ont ainsi pu se répandre en Arabie. La tradition musulmane témoigne d’ailleurs de la présence de tribus juives à Médine. Le personnage de Waraqa, cousin de Khadija et chrétien qui aurait reconnu la mission prophétique de Muhammad, montre aussi la présence de chrétien à La Mecque.
Cette proximité entre judaïsme, christianisme et islam incite ces religions au dialogue. Elles partagent des valeurs d’humanisme et de solidarité qui permettent le vivre-ensemble.